La confusion s’explique facilement, car au Québec, ce jour férié a déjà porté tous ces noms ! Aujourd’hui, il s’agit officiellement de la Journée nationale des patriotes, mais les histoires de la Reine et de Dollard ne sont pas loin derrière.
Cette fête a d’abord été instaurée pour souligner l’anniversaire de la reine Victoria, avant même la création de la Confédération. Dans les années 1840, le gouvernement de la Province unie du Canada cherchait à créer un événement rassembleur pour tous les Canadiens. L’assemblée a alors proposé de souligner l’anniversaire de la reine Victoria, née un 24 mai. La jeune souveraine britannique est montée sur le trône à 18 ans seulement ! Elle a donc tout juste 26 ans quand, en 1845, on crée ici la fête de Victoria.
À l’époque, la fête est célébrée tous les 24 mai, peu importe le jour de la semaine. Plus tard, on soulignera plutôt la fête de la Reine chaque année le lundi précédant le 25 mai.
Le temps passe, et la fête ne plaît pas à tous les Canadiens. Certains dénoncent le fait que l’on souligne l’anniversaire d’une reine qui a vécu de l’autre côté de l’Atlantique, dans un pays qui n’est plus le nôtre, car le Canada est devenu indépendant en 1867. Au Québec, surtout, on cherche un nouveau héros.
Pour de nombreux Québécois, ce héros, c’est le soldat Dollard des Ormeaux. Ce colon est mort en Nouvelle-France en 1660 dans une bataille épique contre des Iroquois. Dollard des Ormeaux et quelques dizaines de compagnons auraient tenu tête un long moment à des centaines d’Iroquois qui souhaitaient attaquer Ville-Marie. Le Français et ses alliés sont morts, mais ils auraient tout de même réussi à sauver les habitants de la ville.
Dans les années 20, ceux qui ne souhaitaient pas fêter la reine se sont donc mis à souligner les exploits de Dollard des Ormeaux ce jour-là. La double célébration s’est installée… mais des historiens ont émis des doutes : l’histoire héroïque de Dollard était-elle vraie ? Certains croyaient plutôt que le soldat était mort en tentant de voler des richesses. Voilà qui pourrait être moins glorieux !
D’autres Québécois soulignaient aussi que célébrer une victoire contre des autochtones n’était pas très respectueux pour les Premières Nations.
Dès les années 50, et jusqu’au début des années 2000, plusieurs groupes ont réclamé qu’on célèbre les efforts des patriotes, qui se sont battus en 1837 et 1838 pour obtenir un gouvernement démocratique. L’idée fait son chemin, et en 2002, le gouvernement du Québec tranche : la fête de la Reine et de Dollard deviendra la Journée nationale des patriotes dès l’année suivante.
Il s’agit donc d’une journée de
congé riche en histoires de toutes sortes, mais pour les habitants du sud du Québec, cette longue fin de semaine a aussi une signification bien pratique : ils ont enfin le feu vert pour planter des fleurs sans craindre le gel ! Voilà une occasion qui nous vaut une célébration supplémentaire, non ?
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